CULTURE

« Pasyante » de Medjy, un morceau à mille et un messages

Si les jeunes artistes du compas Love, du HMI, sortent des chansons sans queue ni tête jusqu’à nous faire penser que le Compas est un simple jeu, Medjy Toussaint, pour sa part de créateur, avec son nouvel album solo, nous livre des titres aussi beaux et bien travaillés que difficiles à saisir le ou les messages comme c’est le cas de « Pasyante » où il nous fait le camouflage exquis, tout en traitant un tas de sujets comme l’insécurité, la déviance, la culture l’im/patience, et l’amour.

Medjy Toussaint est un poète, c’est-à-dire un fin artisan de l’image disant autrement ce que les autres pensent et disent. Surtout un poète de l’embrouille si l’on peut le dire ainsi, qui se montre bien difficile.

Dès le début du morceau, le natif de Pétion-Ville nous fait penser à un nouveau né qui s’adresse et remercie le Grand Architecte de l’univers (un peu à la Delly Benson) pour ses graces, lui épargant de malheurs et des mauvaises rencontres qui aurait pu lui faire mal « An tou premye papa m ap di w mil mèsi/pou tout wout ou fè m pa fè yo/m te gen anpil chans pou m sot tou kwochi/ou fè de mwen yon bon frè »

Le réfrain est si simple « pran vi w/chanje l tenpo/sa ka pran tan men w ap kontan. » Le poète (tout près Castera?), en quelque mot, invite les deviants à faire un auto-stop, les invite à penser à eux-mêmes, à ses autres et leurs choix qu’ils ne devraient pas faire. À repenser les choses. En fait, ici, c’est presqu’une ode à la repentance. « E si se mal si se mal/ou konn fè/konnen nan syèl gen love vre/gen kè kontan vre », il s’adresse aussi, un peu aux bandits (malfrats aguerris) qui kidnappent, violent et tuent sans oublier l’amour c’est-à-dire que Dieu existe. À tout ceux qui sèment la terreur en Haïti. Un message de prise de conscience aux politiques sans cœurs qui voient toujours et encore ses intêrets personels avant le bien-être collectif « Dirijan mechan nou yo/yo fè nou mal/ yo fè mou mal oohh ».

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Le chanteur se campe là dans sa plus haute altitude de sagesse. « Sispann renmen/tout sa k renmen/pouki w al chache si lwen/tyeke glas la jan w ou bèl/ pa panse ou bezwen anpil bagay vre pou lavi w ta fè sans. » Pour lui, le bonheur est dans les petites choses. Dans le verbe « aimer », il ne se réside (pas seulement) dans un certain excès (mais il n’y a pas de vrai bonheur dans le trop) où le matérialisme est poussé à bout. Il nous dit d’aimer ce qu’on a tant qu’on a pas ce qu’on aime. Un pretexte de resistence ou de resilience? Peut-être les deux.

Ainsi, le changement dans le texte (sinon on enlève celui du déviant), est parfois un arrêt de crimes sollicité auprès de ceux qui prennent plaisir à faire le mal. Tout comme la patience, est une demande faite auprès des jeunes marterialistes qui croient durement que l’argent fait le bonheur et qu’on doit tout faire pour avoir si on en a pas, (sans travaller) cultiver la patience (quelqu’un dirait que c’est un propos du tiers-monde?).

Par ailleurs, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer. « Pasyante », ce n’est pas un simple morceau. C’est un message de paix, d’amour et de prise de conscience. Il nous fait danser et penser. Enfin, un son qui convie tout le monde à œuvrer pour un changement total et le bien-être.

Kerby Vilma
rodebyvilma@gmail.com

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