Depuis cette fameuse transition vers la démocratie, entamée à la faveur des évènements sociopolitiques de février 1986, jamais une année n’a été aussi terrible pour la population haïtienne, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. L’année 2022, marquée par la flambée du pays lock, blocage du carburant par les membres de gangs à sapate aux commandes de ceux à cravates, l’assassinat crapuleux perpétré sur la personne d’Eric Jean Baptiste, qui fût le plus grand patriote, philanthrope, progressiste qu’Haïti n’ait jamais connu, avec toutes ses angoisses, incertitudes, privations, frustrations, a été ponctuée, en Haïti, par la vertigineuse, l’insidieuse montée du kidnapping auquel s’adonnent, en toute impunité et sécurité, les gangs armés et «bandits légaux fédérés», terrorisant tous les quartiers et régions du pays. À Carrefour Feuilles, Cité Soleil, Laboule, Croix-des-Bouquets, Tabarre, Gros-morne, Savien Canaan Source-Matelas etc. Impossible pour les Haïtiennes et Haïtiens de l’intérieur de doper leur peur de circuler librement et, pour ceux de l’extérieur, de prétexter la fête de nouvel An pour se ressourcer dans leur pays d’origine. La vie en Haïti devient une calamité, une source de tribulations, un calvaire, un enfer quotidien pour ses habitants.
Jamais en Haïti, une année politique n’a été autant mouvementée, impitoyable, absurde, cynique, ne laissant aucune place à la trêve observée généralement par les païens et chrétiens, par les belligérants, même en temps de guerre militaire ouverte. Il n’y aura pas de trêve de Noël, en dépit de la mondiale folie, des promesses, des paroles de ceux qui prétendent nous diriger. Aucune trêve n’est susceptible d’être observée par ces gangs armés, «bandits légaux» qui mènent en territoire conquis, l’activité la plus honteuse et terrifiante mais très florissante pour eux, grâce à la complicité active ou passive de ceux chargés d’assurer la sécurité des vies et des biens, le contrôle et la défense du territoire, d’administrer la justice et de promouvoir la bonne gouvernance du pays. Pas de trêve possible pour ces nombreux kidnappés, pour toutes ces familles qui vivent dans l’épouvante de ce monstre impitoyable à têtes multiples.
Étant très attachés à la culture, aux traditions, mœurs et coutumes haïtiennes, on est choqués par la gangrène du kidnapping, de l’assassinat, du viol, du vol qui ronge les racines les plus profondes et essentielles de notre existence de peuple fier et gai, pauvre mais accueillant, ayant un goût particulier des mondanités, des festivités qui illuminent et célèbrent la vie, noyant, rien qu’un petit instant, tous les chagrins de l’existence. Nous sommes trop conscients de l’effet cathartique que produisent ces moments de bonheur, de défoulement, de ressourcement, de félicité sur des citoyennes et citoyens, déjà traumatisés par l’instabilité politique chronique, le marasme de l’économie, les misères sociales du pays.
Nous avons presque tout perdu, jusque la décence, le décorum de dirigeants, pressés de nettoyer les villes, les places publiques, les rues ; de les parer du plus bel habit pour les fêtes de Noël et pour les premiers jours du Nouvel An. Nous nageons en plein dans le règne des bandits légaux fédérés qui obscurcit nos pensées, réflexions, jugements et actions, et conduit à la dégénérescence de notre société, à la déchéance du pays. Et, par voie de conséquence, à l’aliénation complète de nous-mêmes.
Cohéritiers des 27.750 km2 vous qui avez encore l’âme citoyenne, patriotique, c’est votre mission de sauver ce qui peut l’être encore ; de redonner croyance et espoir à nos jeunes qui doivent jouir des plaisirs de l’enfance insouciante, grandir, pour devenir des patriotes éminents ou honorables, capables de s’approprier, de s’imprégner de l’histoire et de la culture haïtiennes pour la survie du pays.
Pa gen mizè, ensekirite ni Nwèl jan sa konn abitye ye « Nou nan Mondyal ». Donk nou pap di w jwaye Nwèl men pito viv Kite peyi m mache pi rèd. Toutefois, nous gardons le ferme et concret espoir que le jour n’est pas trop loin de renouer avec l’habitude des victoires sur les traîtres et impérialistes racistes, souffrances, ignominies, abominations d’un temps de déraison, d’errements, de misère afin de transformer la terre natale en terre promise.
Saint Alex Noël, Nèg Limyè A
Pour aller plus loin, lire tous les éditoriaux hebdomadaires du RDNP
Le livre TERRE NATALE EN TERRE PROMISE du feu Eric Jean Baptiste.
« Repose en paix Eric Jean Baptiste nous nous chargerons du reste 💥🇭🇹 »
