SOCIETE

12 Janvier 2010, Inévitablement on s’en souvient

S’il est évident que l’on a rien appris des leçons dictées par la catastrophe naturelle la plus meurtrière qu’ait connue le pays, qu’on le veuille ou non, on se souviendra toujours de Goudougoudou. On se souviendra encore de ces 35 secondes de « tranblemanntè » durant lesquelles personne ne savait véritablement où mettre les pieds, durant lesquelles « Jezi! Jezi! » était le refrain le mieux entonné par bon nombre de compatriotes. On se souviendra des maisons et bâtiments endommagés et effondrés, on se souviendra des fissures, des décombres, des blocs, des cris de douleur, d’une Port-au-Prince poussiéreuse et détâchée du reste du monde mais par dessus-tout on se souviendra de la vie de nos êtres chers emportés par ce violent cataclysme ayant occasionné la mort d’environ 300 000 Haïtiens et fait plus de 300 000 blessés sans compter les 1 500 000 sans-abris. Au grand jamais, on ne peut ne pas se remémorer ce séisme de magnitude 7,3 enregistré sur l’échelle de Richter à seulement 17 km à l’ouest

de Port-au-Prince ayant secoué le pays à 16 heures 53 minutes. Décidément le mardi 12 janvier 2010 s’est fait une place indélébile dans l’imaginaire collectif des Haïtiens.

On n’oublie pas non plus les tentes et d’autres abris provisoires, l’état d’urgence décrété par les autorités étatiques au lendemain du séisme, les pancartes érigées par des citoyens dans diverses zones de la capitale sur lesquelles étaient écrits des messages comme « We need help. Nou bezwen èd. » On n’oublie pas l’aide humanitaire arrivée dans le pays dans un clin d’œil.

On n’oublie pas la Loi d’Urgence adoptée et approuvée le 16 avril 2010 par une majorité des députés et des sénateurs haïtiens ayant accouché la Commission Intérimaire pour la Recontruction d’Haïti (CIRH), co-présidée par l’ancien président américain Bill Clinton et le Premier ministre haïtien de l’époque Jean-Max Bellerive. Une commission qui a été décidée au cours de la conférence internationale des donateurs à New York le 31 mars 2010 et qui avait pour mission de reconstruire le pays et de rendre opérationnel le Plan d’Action pour le Relèvement et le Développement National (PARDN). Les fonds venant de partout à travers le monde devant servir à la reconstruction du pays ont été cependant détournés par ladite commission. Dans un article publié par le New York Times en décembre 2012, il est mentionné qu’après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, 215 millions de dollars ont été alloués à la construction de maisons permanentes contre 1 milliard 200 millions dilapidés dans la construction de camps, d’abris provisoires et dans des allocations d’argent à des sinistrés désireux de trouver des maisons à louer.

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On se souviendra à coup sûr des viols commis sous les tentes dans les camps puisque des enfants y sont nés, de l’introduction du choléra en Haïti en octobre 2010 par des Casques bleus népalais de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Une épidémie ayant causé des milliers de morts dans le pays.

On ne peut prétendre perdre le souvenir des élections présidentielles organisées en novembre 2010 et en mars 2011. Des scrutins qui ont porté Michel Martelly au pouvoir. Et le débâcle qui s’en suivit ! Sous aucun prétexte, on ne doit rien oublier

Et si Goudougoudou n’est plus à l’ordre du jour, il est toutefois clair que l’on demeure encore sous les décombres de l’ignorance, de l’entêtement, d’un « pito nou lèd, nou la » puisqu’on préfère s’efforcer à s’adapter mêmes aux situations les plus intenables au lieu d’effectuer les changements qui s’avèrent nécessaires. Malheureusement pour nous, la formule du « Bondye bon » ne marche pas toujours et cède ainsi parfois la place au « sa ou fè, se li ou wè ».

Jean Witchy Junior Augustin
Journaliste et Étudiant à l’Université d’État d’Haïti

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