SOCIETE

Aterson-N Sainval dit Dade, un amoureux-poète

Le premier livre du poète Aterson-n Sainval traite des thèmes clés comme la misère, la femme, l’insécurité, la politique et, surtout, l’amour. Parenthèse : on connait le lien étroit entre poésie et l’amour.
 

Haïti est cette terre triste peuplée de poètes. Des nègres qui cherchent un ailleurs doux quand le poids lourd de la vie leur fait courber l’échine jour et nuit. Des nègres qui ont une seule chose à donner, pour refaire le monde : l’amour. Tout comme Aterson-n Dade Sainval nous le montre dans son recueil de poèmes de 86 pages, paru aux éditions Pulucĭa, en Décembre 2022.

Les poètes (chercheurs d’étonnements) ont des nouvelles à nous donner. Des nouvelles douces. Des bribes de sensibilités blanches (lorsqu’il nous reste plus rien à faire qu’aimer)  surtout lorsqu’il est question de prêcher l’amour par le travail de la parole scandée avec une plume tout simplement (n’est-ce pas là un certain lieu d’émerveillement et de bonté ?) Oui, le poète joue son rôle quand il nous fait penser à la poésie, c’est-à-dire à l’amour (lot d’excuses ?) Quand aimer trop l’autre à est un beau songe, tout en offrant la possibilité de penser, si on peut refuser de nommer la souffrance d’un cœur qui est rempli d’amour comme le verre d’eau qu’on donne à un pauvre assoiffé : 
«  En effet/
Je voulais avoir un trophée en oubliant si trop d’amour/
tue l’amour.»

Le poète et performeur possède l’amour à donner aux femmes (les Madan-Sara, la ville, entre autres, les humains. Quel poète n’a jamais chanté l’amour ? N’as jamais fait penser à la ville qui chute et ses effrois ? Je réponds : plus personne, même le diseur Petit-Goâvien Aterson-n Sainval dit Dade. Et si, chez le poète « l’amour [peut] tomber en chute libre », on la retrouve dans un certain « Orgueil blessé » où « dans un labyrinthe de miroir/Où toutes ses émotions font vieillir », tristement l’espoir d’habiter son ombril, et jusqu’en « empoisonnant/notre nous/notre terre/ Dans une folie génétique ». Un amour pour les femmes (dans un héroïsme féminin et pas trop libertin), pour le soi mélangé avec celui d’une once de patriotisme, enrôlent tout le texte

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Le poème est, quelque fois, un petit geste, et on ne pas fait tout le temps le même geste. Toujours, par amour, il glorifie les « Madan Sara », ces oiseaux-mères, ces « Potomitan » d’une importance omniprésente et non-muette, qui, au péril de leur vie, élève leur enfant et vouloir à tout prix subvenir à ses besoins. Il dit son amour, son admiration pour ses femmes. Il salue leur bravoure. Une sorte de devoir d’hommage, si on veut le dire ainsi. Ce morceau est un dévoilement léger d’amour par un enfant.
« Comme un cadavre insomniaque
De Jérémie à Port-au-Prince
« KWABOSAL » nous attend…
Il nous attend malgré́
Le vent tourne
L’orage tonne
La pluie nous crache dessus. »

Petit exercice de tristesse d’un amoureux-poète. On ouvre la fenêtre pour voir et recevoir quelque chose sur l’épaule. On n’écoute plus les bruits malgré les décibels qui peuvent arracher nos oreilles. Un pigeon vient sur le toit, et vous fixe. On a l’âme plus froide qu’une bille, jusqu’à ce qu’on se demande tout comme ce talentueux passeur de mots, sur qui le désespoir tombe telle une masse :
« M’a-t-il toussé au visage ; l’amour
Impatient et sauvage
Que je voudrais mien
Et qui m’appauvrit d’un injuste silence. »

Dans ce court flux vocal d’un texte qui signe le sérieux, brassant des accélérations et des piétinements pour faire tenir cris et silences : l’amour titille la plume du poète et performeur. Lui oblige à porter aux déboires de ce pays où « tout s’emballe/Comme/Déraillés/Qui se nourrissent/De la chair d’hommes/Oubliant l’amour », tout en disant la perte avenir de notre civilisation par nos frères mêmes qui sont devenus si bêtes et sans cœur.

L’auteur, partout dans le texte, part de l’amour des gens, l’amitié. « Si t’aimer est un mal, J’avoue l’avoir trop fait », de la nature aussi pour nous expliquer comment il est urgent d’aimer les autres. Une voix pleine de voix : voilà comment résumer les Pages de vers imprécis ce poète a sa simplicité saisissante et pénétrable (en jeux de mots). Le message : aimer jusqu’à l’épuisement du verbe.
 
 
Kerby Vilma

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