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Analyser en profondeur, tout en énumérant les causes fondamentales de la pauvreté en Haïti

Comme on peut en constater, Haïti se trouve au plein du 21e dans l’incapacité de s’en soustraire de sa dépendance de l’étranger. Après la chute des Duvalier, on aspirait à un climat favorable d’une transition et de l’emplacement de la démocratie et l’Etat de Droit en Haïti. Cependant, notre société reste dans un passage capturé d’exclusivité sociale, de corruption, de criminalité et d’impunité. En conséquence, le pays est voué à une constellation chronique de pauvreté. Suivant les données de cette dernière décennie, il n’est aucun doute que la première République Noire soutient le sommet de la pauvreté de l’Amérique. En 2020, les évaluations de l’Indice de Développement Humain de l’ONU ont classé Haïti en 170 sur 189 pays. D’après les dernières estimations de la Banque Mondiale, son PIB est de 1 815 USD par habitant en 2021.

C’est en fait, le PIB le plus bas de la région de l’Amérique Latine et de la Caraïbe. Par rapport au taux de pauvreté, plus de 52, 3 % de la population haïtienne vivant avec moins de 3, 2 dollars par jour en 2021. De constat, la population haïtienne vivant dans une extrême précarité avec une augmentation vertigineuse ces dernières années.
Face à cette situation, l’Etat haïtien voulant atténuer les inégalités entre les classes adoptait des programmes tant nationaux et internationaux. On a les Objectifs Millénaires de Développement (OMD), les Objectifs de Développement Durable (ODD), Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP) en 2008) et le Plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH) en 2014). C’est plus qu’une vingtaine d’année, les structures de lutte contre la pauvreté n’obtiennent pas les résulté escomptés. En dépit de ces efforts, il y a une certaine inadéquation entre les politiques publiques et la condition socioéconomiques de la population.

A cet effet, il est plausible d’envisager les questions suivantes : Comment-peut-on comprendre la pérennisation et l’augmentation de la pauvreté en Haïti ? Quels sont les facteurs résistant à la lutte contre la pauvreté en Haïti ? Partant de ces questions vient une question principale : « Par quoi peut-on expliquer l’inefficacité des structures de l’Etat par rapport à la pauvreté en Haïti » ? En effet, la problématique de la pauvreté en Haïti exige une compréhension claire de la structure sociale du pays. Aussi, elle fait l’objet d’une analyse conjoncturelle des facteurs fondamentaux de causalité. De ce fait, notre travail aura une élaboration sur la formation sociale haïtienne. Une autre partie s’enchainera avec la notion de la fabrique du phénomène de la pauvreté. Pour finir, on fera une analyse sur la pauvreté par rapport aux facteurs fondamentaux de causalité.

De la formation sociale haïtienne à une société d’inégalité

A travers les analyses de Doubout, on s’est révélé sur l’importance de l’histoire dans l’appréhension des phénomènes sociaux. Selon lui, la société haïtienne est incarcérée dans des bases structurelles de son passé historique . Cette perspective devient aussi pertinente sur la problématique de la pauvreté. Ce qui implique la raison de cette partie sur la formation sociohistorique des structures de notre société.

La formation de la société haïtienne est souvent considérée pour la plupart des haitianologues comme un prolongement de la société coloniale de la métropole française. Dans cette perspective, la configuration de cette formation remonte à la société de Saint-Domingue. Elle est construite sur une force légale deshumanisante systématisée à travers le Code Noir. A partir de ce règlement, le système s’inscrit dans le cadre de la radicalisation des rapports sociaux , d’une exploitation et d’une deshumanisation massive des originaires d’Afrique. En conséquence, la prospérité de la colonie se reposa sur la marginalisation et l’exploitation de la main d’œuvre des esclaves.

Le gouvernement de Toussaint a mis la base de la société de 1804 . En vue de sa philosophie de prospérité, il a installé le clivage du cultivateur et du propriétaire. Comme on vient de l’annoncer ce projet serait le socle de l’organisation du pays. C’est ainsi que dans cette partie, on aura comme tache de révéler le mode de configuration de la société haïtienne. Elle sera constituée par l’apport de 1804 dans notre histoire.

L’apport du 1804 dans l’histoire du peuple Haïtien
Du point de vue générale, le 1er janvier de 1804 marque la fin d’un système d’exploitation, du raciste et du colonialisme en Haïti. Mais il serait fort de constater aussi tôt même l’apparition du modèle d’exploitation au sein de la nouvelle structure sociale. En nous référant de Barthelemy on peut constater que : « Son succès en Haïti est resté très partiel dans la mesure ou le système étant éclaté en deux parties antagonistes, autour de deux cultures, l’opposition des classes a du se transformer en un système de colonie interne ou la nation Créole n’ayant jamais assimilé la nation Bossale n’a su que l’asservir ». Dans toute la totalité, la triomphe de l’armée indigène n’a pu éradiquer les structures de l’exploitation coloniale. Son insuffisance se rejoint d’une façon partielle à la continuité d’un dualiste composé de Créoles et de Bossales. Les premiers envisageaient la construction d’une société sur l’idéale de la prospérité de la colonie. Une vision faisant appel au refus des valeurs et du mode d’organisation de l’africanité. Les secondes considérées comme des barbares ayant la méfiance et la perception du retour de l’esclavage s’organisèrent en une structure autorégulée. En conséquence de ce dualiste, il devient fort de constater l’existence d’une structure contre-plantationnaire étant une transplantation de la stratégie marronne de la colonie française. Une stratégie portant a fait échec à la structure globale restaurée par les élites militaro-oligarchique de la culture Créole.
Par conséquent, l’indépendance n’a pas pu donner le jour à un Etat Haïtien dans le sens de Casimir. Pour ce dernier : « Un Etat Haïtien défendrait les propriétaires des Haïtiens et en premier lieu, la propriété spécifique de l’être Haïtien : sa mémoire, son identité et ses connaissances tirées des expériences quotidiennes ».

Une structure politico-administrative qui ne se contentait pas des valeurs et des intérêts inhérents de la nation haïtienne toute entière. Selon cette perspective ne devrait en avoir la nomination de l’Etat haïtien, mais plutôt d’un Etat importé et colonial. C’est ainsi que cet Etat colonial se relevait de son caractère exclusif. Parce que, la composante de la majorité de la physionomie sociale du pays devient en être exclue de son projet. En dépit même du triomphe de la vision des Bossales par leur projet de société anticolonial, antiesclavagiste et antiraciste. Cela n’empêche pas d’obtenir la construction d’un Etat contre leurs intérêts au lendemain de 1804.

Enfin compte, cette indépendance connue par le peuple haïtien, comme l’avait montré
Casimir : « Il en résulte d’un Etat anti-esclavagiste, antiraciste, anticolonialiste, coiffant des gouvernements eurocentrés, esclavagistes, racistes, colonialistes et plantationnaires ». Comme on vient le démontrer, cette orientation est porteuse d’une double vision distincte et opposée. L’une se trouve le socle d’une paysannerie autorégulée, Tandis que, l’autre jouissait de l’appropriation de l’héritage du colonialiste eurocentré. A présent, il serait pertinent pour une appréhension du phénomène de la pauvreté par rapport à cette inégalité. On s’enchainera avec cette élaboration dans la partie suivante.

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La fabrication de la pauvreté en Haïti Dans les lignes précédentes, on avait initié une analyse sur la formation sociale haïtienne.

Il est à remarquer le point de départ à une structure d’inégalité génératrice de la pauvreté en Haïti. A cet effet, cette partie est une complémentarité de sa précédente, car on apercevra la pauvreté comme un fruit de du tissus social.

Jean Casimir a tenu une analyse sur la présence des malheureux au sein des couches nécessiteuses. Ce travail a permis de puiser à travers l’histoire coloniale portant des éléments clé de la fabrique de la précarité en Haïti. Pour lui, la précarité de la couche majoritaire est une similarité avec la déchéance des captifs avant 1804. En fait, les captifs ont subi un conditionnement déshumanisant de la part de l’Etat français. Dans le cas de la masse
d’aujourd’hui, les oligarques essaient de construire l’héritage de la colonie française. A ces propos Casimir soutient que : « Les oligarchies et ceux qu’elles appellent le peuple communiquent de plus en plus difficilement. Le pouvoir de l’État − comme totalité face aux entités d’une communauté internationale à l’ère de l’impérialisme – n’absorbe pas le pouvoir dans l’État et n’arrive pas à desservir les demandes des majorités populaires ». Face à une telle mésentente entre la majorité et les oligarchies, le pays s’installe dans un tumulte d’appauvrissement socioéconomique de la paysannerie.

En conséquence de cette structure, la paysannerie a subi jusqu’à nos jours à un blocage au niveau de sa production. Selon Jean Baptiste Samedy, ce blocage est lié à la pérennisation des structures traditionnelles dans la production paysanne . Par contre, Gérard Barthélémy a apporté une rupture épistémologique aux discours dominants sur la paysannerie et la problématique du développement. Il a fait la considération de deux grandes catégories d’obstacles au développement dans le milieu rural haïtien. L’une que l’auteur a surnommée de « fausse obstacle », et l’autre de « vraie obstacle ». La toute première catégorie regroupe des discours discriminants sur la paysannerie comme l’archaïsme, les habitants ne sont pas éduqués, ils sont des analphabètes.

De fait, il faudrait la mise en place de certains programmes pour diminuer et même éradiquer les obstacles. Dans la seconde, l’auteur fait allusion à des phénomènes plus structuraux de la paysannerie. Ils se sont découlé d’une culture proprement différente au modèle proposé.
Selon lui, l’existence de cette culture rejet le projet du développement, elle est une « société neuve » et « post-capitaliste » avec des réactions contre le système libéral capitaliste. Vu de ce constat, Gérard Barthélemy propose une analyse objective et à la fois descriptive de la culture paysanne par rapport à la société globale.

A cet effet, la pauvreté devient un élément constituant de la société haïtienne. Elle relève d’une part de l’héritage de la colonisation française. D’autre part, elle est le fruit de la mésentente culturelle et idéologique de la masse paysanne et de l’oligarchie. Ce qui implique une manque de modernisation de notre production routinière paysanne. Douboute souligne que : « La même routine caractérise la vie d’hier et celle d’aujourd’hui. En dépit des changements qui se sont produits dans les villes et dans leur voisinage immédiat, on peut donc parler de  » stagnation séculaire de notre économie rurale ».

Conclusion : Pour une analyse de la pauvreté en Haïti
La pauvreté comme concept tient déjà à une complexité diverse. A cet effet, elle nécessite une analyse pluridisciplinaire découlant de l’économie, de la sociologie, de l’anthropologie et de la science politique. De manière courante, elle est conçue comme un manque de ressources monétaires, un déficit d’éducation et de santé, l’absence de liberté, l’impossibilité de participer à une communauté ou le manque d’un sentiment d’appartenance à une communauté donnée.
Pourtant, Pierre Jorès Mérat fait l’objet de deux familles de définition de la pauvreté . L’une part de l’approche monétarisée de la pauvreté. Cette définition met l’individu face à son souci de consommation. Elle accentue sur les ressources économiques quantifiables capables de souvenir au besoin de l’individu. L’autre approche est non-monétaire. Elle mit l’accent sur le bien-être social de l’individu par rapport à la liberté et ses accomplissements. Cette définition relève de la justice sociale, la reconnaissance et la distribution des ressources.
Dans notre travail, la seconde démarche nous a paru plus pertinente. Par conséquent, on a mis l’accent sur la formation sociale haïtienne comme base de la distribution non-équitable de la richesse du pays. A travers les lignes de ce travail, on a montré la continuité de l’idéologie coloniale dans la société post-1804. Cette configuration de continuité est l’élément de base de la fabrication de la pauvreté dans le pays. En fait, elle apporte de la fluidité des inégalités sociales en chevauchant sur plus de deux siècles de notre indépendance. Comme l’avait proposé John Rawls : « C’est donc à ces inégalités, probablement inévitable de la structure de base de toute société, que les principes de justices sociales doivent s’appliquer en tout premier lieu ». De cette démarche, la lutte contre la pauvreté en Haïti doivent s’inscrit dans une approche structurelle. Cette dernière sera pertinente dans la mesure où elle permet une réduction de l’inégalité sociale, la distribution équitable et la reconnaissance de tout (tes) et chacun (e).

BIBLIOGRAPHIE
BARTHELEMY Gérard, Le pays en dehors : Essai sur l’univers rural haïtien, Edition Henri Deschamps, Port-au- Prince, p. 135
CASIMIR Jean, Une lecture décoloniale de l’histoire des Haïtiens : « Du traité de Ryswick à l’occupation Américaine (1697-1915)
CASIMIR Jean. La Culture Opprimée, Fondation Connaissance et Liberté, Port-au-Prince, 2001, p. 362.
CELUIS Carlo Alvierl, Le contrat Social haïtien, Haïti L’oraison Démocratique, Revue CRPLC, 1998, p. 24
DOUBOUTE Jean-jacques, Haïti : Féodalisme ou Capitalisme ? Essai sur l’évolution de la formation sociale d’Haïti depuis l’indépendance, https://www.banquemondiale.org/fr/country/haiti/overview#:~:text=Les%20derni%C3%A8res%
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JEAN-BAPTISTE Mario Samedy, Mutation et persistance dans la structure sociale de St-
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I, La période fondatrice (1789-1838), CHUDAC, Port-au-Prince, 2001, p.467
PIERRE Jorès Mérat, « Être pauvre en Haïti », Les Cahiers d’Outre-Mer [En ligne], 279 | Janvier-Juin, mis en ligne le 01 janvier 2022, consulté le 06 janvier 2022. URL : http://journals.openedition.org/com./9806 ; DOI : https://doi.org/10.4000/com.9806
ZATHOED Danielle, Comprendre la pauvreté : John Rawls- Armatya Sen, Presse Universitaire,
Paris, 2015, p. 90

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4 commentaires

  1. Par cette analyse sociologiquement corsée, l’auteur fait montre d’une rigueur à la fois épistémologique et méthodologique impitoyable. A cela rajoute son écriture soigneuse et sa capacité de faire asseoir sa réflexion sans mettre de côté sa clairvoyance sur la conjoncture. Il fait preuve d’une culture équilibrée en ce qui concerne la temporalité de la problématique en question. Sans vouloir faire de l’apologie, je me retrouve dans sa démarche analytique.

  2. À mon avis c’est un très bon travail dont le foyer de recherche est constitué par différents éléments structurels qui expliquent la pauvreté en Haïti.

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