EDUCATION

Lancement de la chaire UNESCO en Histoire Mémoire et Patrimoine de l’Université d’État d’Haïti

Lancée le mercredi 19 octobre 2022, la chaire Unesco en Histoire et Patrimoine constitue une avancée significative dans le domaine de l’enseignement et de la recherche scientifique à l’Université d’État d’Haïti. Si les réalisateurs se montrent satisfaits de cette réalisation, les partenaires quant à eux insistent sur l’importance de la mise en œuvre et la concrétisation des activités pouvant contribuer à pérenniser son existence.

Le Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH), le Décanat de l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (IERAH), les représentants de l’UNESCO dans le pays et ceux de l’Amérique Latine ont procédé, ce mercredi 19 octobre 2022, au lancement de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine (CUHP-UEH). Le comité de pilotage de ladite chaire est composé de 10 membres. Kenrick Demesvar joue le rôle de coordonnateur principal et Itazienne Eugène coordonnatrice adjointe.

Selon le titulaire de la chaire, désigné pour les quatre années à venir, Dr Kenrick Demesvar, la CUHP-UEH est une structure de recherches et d’enseignement qui sera hébergée à IERAH, l’une des entités de l’Université d’État d’Haïti. Cette chaire, a-t-il indiqué, veut être non seulement une plateforme d’échanges et de diffusion de recherches produites en Haïti qui restent méconnues dans le monde, mais également pour celles réalisées sur Haïti et qui demeurent méconnues dans le milieu haïtien.

Le titulaire de la chaire, Dr Demesvar, a précisé que la chaire est apolitique, non confessionnelle, sans but lucratif, non discriminatoire ouverte tant aux chercheurs, professionnels, étudiant.e.s, artistes, producteurs haïtiens, haïtiennes du pays et de la diaspora ainsi qu’aux étrangers réalisant des réflexions critiques sur l’histoire et le patrimoine. Bien que cette chaire ne soit pas directement une structure de recherche académique, elle aura à organiser, aux dires du docteur en ethnologie et patrimoine, des activités d’enseignement, des séminaires et offrir des services spécifiques à la communauté haïtienne.

Après l’intervention du coordonnateur de la chaire, c’était le tour du doyen de l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (IERAH), docteur Sterlin Ulysse, de prononcer ses propos de circonstances. Dans son discours, il a mis l’accent sur les impacts éventuels de la chaire au sein de l’Université d’État d’Haïti en lien au progrès de la nation haïtien. Il dit noter qu’on assiste, depuis plusieurs années, à la dégradation du pays dans ce qu’il a de de plus significative et de plus conséquent. C’est à cet effet qu’il s’est demandé: comment pourrions-nous transformer les projets prévus par la chaire, en véritables projets de société ? Il est temps, a-t-il poursuivi, pour l’Université de s’ériger en guide et d’être à l’avant-garde de la société. Aussi, a-t-il dit, la chaire est plus que jamais une opportunité à saisir pour avoir une autre conception de la recherche et de l’Université en Haïti. Il a exprimé le souhait que les travaux réalisés à l’Université cessent d’être compilés comme de vulgaires archives et exploités au profit du développement national.

Dans sa prise de parole, la responsable des chaires UNITWIN s’est réjouie de ce que l’Université d’État d’Haïti ait pu déployer les efforts nécessaires pour accueillir sa première chaire UNESCO. Avec la création de cette chaire, a-t-elle signalé, l’UEH rejoint le grand réseau mondial de chaires UNESCO. Ce réseau comprend actuellement 960 chaires réparties dans 117 pays. Elle en a profité pour expliciter le rôle des chaires universitaires de l’UNESCO. Elle a fait savoir que ces chaires sont chargées de contribuer au développement des capacités en matière d’enseignement supérieur pouvant avoir un impact sur le développement socio-économique, éducatif et culturel. Elle a signalé également à l’inttention des responsables de ladite chaire que la survie de cette dernière dépend de leur étroite collaboration avec l’organisme dans le cadre de la mise en œuvre et la réalisation des stratégies, des programmes prioritaires et conventions adoptées. Elle a insisté, en outre, sur le rôle que la chaire aura à jouer auprès de l’État, des institutions tant nationales qu’internationales. Elle conseille aux responsables de développer des partenariats solides, durables avec d’autres acteurs en vue de pérenniser l’existence de la chaire.

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Dans cette activité inaugurale, le professeur Edric Richard Richemond qui a intervenu au nom du responsable de la commission nationale haïtienne de coopération à l’UNESCO a fait savoir aux responsables de la chaire et ceux de l’Université d’État d’Haïti, que la chaire de l’UNESCO n’est pas un simple logo ou une broche que l’on porte, elle comporte de nombreuses responsabilités. Il a également mis l’accent sur l’obligation qu’a la chaire pour concevoir et exécuter des activités répondant aux objectifs scientifiques, cadres pédagogiques et résultats à obtenir pour les quatre années à venir. Pour faire fonctionner la chaire, déclare-t-il, il faudrait surtout et d’abord des ressources internes et une équipe engagée de chercheurs et d’enseignants chercheurs pour concevoir et animer les activités prévues.

Le responsable des chaires UNESCO dans la région des Caraïbes, Mauro Rosi, lors de son intervention, a fait remarquer les difficultés entourant la création d’une chaire UNESCO. Tout en félicitant les initiateurs, il les a aussi exhorté en leur disant qu’ils n’auront pas la tâche facile et que la survie de cette chaire dépend de la discipline et des rigueurs de chacun des responsables. C’est dans cet ordre d’idées qu’il s’est servi du symbolisme de mariage, pour montrer aux responsables, les lourdes responsabilités qui les attendent. Voudrait-il montrer que, s’il y a mariage aujourd’hui, l’incapacité des parties à respecter leurs obligations respectives peut conduire au divorce ?

La représentante de l’UNESCO en Haïti, madame Tatiana Villagas, dans son allocution, s’est réjouie du lancement de la deuxième chaire UNESCO en Haïti, la première à l’UEH. La première UNESCO en Haïti a été lancée l’année dernière au sein de l’ISTEA. Elle a surtout mis l’accent sur le rôle que peut jouer cette chaire en vue de faire connaître le riche patrimoine d’Haïti. Elle a précisé par ailleurs que les activités que la chaire aura à réaliser pourront aider à la sensibilisation des jeunes sur l’importance du patrimoine haïtien et les mettre en symbiose avec leur histoire et leur communauté.

Intervenant en dernier ressort à cette cérémonie inaugurale, le recteur de l’Université d’État d’Haïti, Monsieur Fritz Deshommes a sensibilisé les participants sur le côté pragmatique de la chaire. À titre d’exemple, il a annoncé qu’il vient juste, dans le cadre des activités prévues au niveau de la chaire, de signer une convention avec l’Agence Universitaire de la Francophonie pour la formation de 60 professeurs d’histoire intervenant au niveau des écoles secondaires du pays. Le recteur en a profité pour annoncer que l’Université, pour permettre à la chaire d’atteindre ses objectifs, s’engage à lui fournir tous les supports possibles.

Réagissant sur le Chatroom de la cérémonie, Laurier Turgeon, responsable de la coopération entre l’UEH et l’Université Laval au programme de Maîtrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine, s’est dit très honoré de participer au lancement de cette Chaire UNESCO. Il a félicité chaleureusement le docteur Kenrick Demesvar pour l’obtention de cette prestigieuse chaire. Il pense qu’une telle chaire contribuera à mieux sauvegarder le très riche patrimoine haïtien et à le faire mieux connaître au monde.
Si l’inauguration de la chaire concrétise l’un des premiers objectifs de ses créateurs, c’est le temps qui nous permettra d’évaluer les impacts de leurs réalisations.

Samuel PIERRE, Journaliste, Enseignant, Psychologue. Mastérant en Histoire, Mémoire et Patrimoine.

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