SOCIETE

L’Africain des champs au regard de la décolonisation mentale : une vue sur les articles 1 et 2 du Code noir

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une réflexion qui a été faite dans l’émission traditionnelle de la radiotélévision Timoun (RTT) Décolonisation mentale sur les articles 1 et 2 du Code noir. Il s’agit d’une vue réflexive visant à objecter la logique faussaire du système de régulation des rapports entre maître-esclave en vigueur à l’époque de l’évolution du cartésianisme fondateur de la rationalité moderne du monde d’aujourd’hui.

La genèse biblique serait aussi la genèse de l’humanité, si on établit un lien consubstantiel entre le souffle divin et la matière organique ayant connu un processus évolutionniste pour arriver a l’homo sapien sapien. Et donc le péché originel, engendrant la chute et la déchéance humaine, serait un héritage à partager entre les êtres humains qui croient en la Bible. Mais, l’esclavage des noirs d’Afrique par les européens réfuterait l’absolutisme de cette thèse, en raison que l’africain serait exclu de l’espèce humaine, du point de vue de l’Europe de l’ère colonialiste et esclavagiste. Néanmoins, les articles 1 et 2, 44 du Code noir nous invitent a réfléchir sur la création européenne de la non humanité de l’africain. Que disent ces articles ? Et en quoi traduisent-ils plus une ruse du colon qu’une logique rationnelle fondatrice d’un sens acceptable de la non humanité de l’esclave, par tous les êtres raisonnables et rationnels ?

On lit dans la genèse de la bible, dans le chapitre 3, du verset 1 à 24, que Dieu chassa Adam et Eve pour avoir désobéi à son ordre. Et ces premiers êtres humains connaissent le péché et déchoient pour mériter le salut par le sacrifice de Jésus Christ. Et l’histoire du salut par Jésus Christ est transmise aux chrétiens par le catéchisme, qui est une formation ecclésiastique initiée par les clercs de l’Église du christianisme. Cette doctrine s’est romanisée pour devenir la religion d’Etat avec l’empereur Constantin jusqu’à l’apostasie de l’empereur Julien. Donc, l’église chrétienne s’est accoutumée à défendre tous les projets du pouvoir politique des Etats féodaux, dont la colonisation et l’esclavage. Aussi, le code noir était légitime en postulant la négation de l’humanité de l’Africain dans l’article 44. Mais, ce même document juridique se contredit dans ses articles 1 et 2, quand il prescrit aux planteurs des colonies de faire baptiser et d’éduquer les esclaves dans la religion apostolique romaine. Pourquoi ces articles contredisent-ils l’article 44 ?

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En effet, le baptême a le sens d’humanisation de celui ou celle qui le reçoit, parce qu’il renvoie à une vision de la communion entre Dieu et le croyant. Il permet à chaque héritier du péché originel de retrouver leur nature commune à celle de Dieu. Et donc, tous ceux et celles qui sont baptisés sont censés devenir les enfants de Dieu. Alors, comment un être qui serait l’enfant de Dieu peut-il simultanément avoir la nature de bien meuble ?

Hiérophanie est un concept dans les études historiques et philosophiques sur la religion du grec Mircea Eliade qui signifie la manifestation morphologique du sacré, ou de la divinité. Donc, Jésus Christ serait la forme anthropomorphique manifeste de la trinité de Dieu le père, et par le baptême le Saint Esprit est la forme spirituelle de Dieu qui exprime sa toute-puissance. Par Jésus Christ né homme, Dieu s’est révélé à l’humanité qui a toujours œuvrée a la recherche de l’axis mundis, c’est-a-dire l’axe ou le centre du monde, par lequel se définit la frontière entre le sacré et le profane, et se tisse le lien entre Dieu et l’être humain.

Cette perception ne saurait concorder avec l’idée selon laquelle l’africain possèderait une nature susceptible de faire de lui l’objet en possession du maitre blanc.

« Je suis » est le verbe qui définit la nature et l’existence de Dieu s’adressant au prophète Moïse dans les montagnes du Sinaï. Et le philosophe René Descartes au 16eme siècle reprend ce verbe dans sa formule pour définir ce qu’est l’être humain parmi les espèces qui sont les créatures de Dieu. Donc, le Cogito Ergo Sum serait vu comme une métaphore philosophique pour rapprocher les êtres humains de leur créateur par la puissance de la pensée.

En somme, les deux considérations, le baptême et la raison fondant la capacite à penser de tout être humain, constitueraient des arguments pour objecter le code noir dans sa démarche de nier l’humanité de l’africain, mais seraient aussi une justification de l’humanité de celui-ci. Finalement, le baptême colonial ne doit pas être vu comme un sacrement, mais comme la ruse de la raison occidentale pour dominer le monde des autres intelligibilités.

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