EDUCATION

DISCOURS DU RECTEUR FRITZ DESHOMMES LORS DU LANCEMENT DU MASTER EN ENSEIGNEMENT UNIVERSITAIRE

Je suis particulièrement heureux de procéder aujourd’hui au lancement de ce Programme de Master en Enseignement Universitaire. Ce Master est l’un des produits du partenariat entre l’Université d’État d’Haïti et le groupe KAIROS. Je voudrais remercier chaleureusement le coordonnateur de KAIROS, le professeur et ami, Telémaco Talavera Siles, qui a su, avec un dévouement inlassable, regrouper et mobiliser une brochette de gestionnaires et de professeurs de l’enseignement supérieur de l’Amérique Latine, de la Caraïbe et de certains pays européens, tous conscients du rôle de l’Université dans le développement durable et la solidarité entre les peuples.

Le partenariat avec KAIROS s’inscrit bien dans le cadre des Résolutions des États Généraux de l’Université d’État, tenus les 15 et 16 mai 2019. La Résolution #21 demandait en effet une intensification des relations avec les universités de la Caraïbe et de l’Amérique. Nous entretenons déjà une fructueuse et fidèle relation avec des universités européennes et nord-américaines ou avec des réseaux d’universités qui, dans la longue durée, nous apportent un soutien efficace et respectueux. L’introduction de KAIROS dans le tissu des relations internationales de notre Université nous permet de jouer notre propre partition dans le concert régional.

Le Master en Enseignement Universitaire vient à point nommé. La vague importante d’exode de nos compatriotes n’a pas épargné le corps professoral. Tant que prévaut l’actuelle conjoncture, il est difficile de prévoir l’ampleur de ces départs. Il devient alors urgent de mettre en œuvre ce qu’au sein de l’Université nous appelons un plan de relève. Il s’agit de compenser le déficit qui se construit sous nos yeux. Voilà pourquoi, l’un des publics-cibles de ce Programme est constitué d’assistants-professeurs et de nouveaux enseignants. On l’espère, dans le cadre du plan de carrière du corps enseignant en construction, la participation à ce Programme pourrait être encouragée en tant que critère de promotion.

Nous devons, par ailleurs, nous libérer de cette croyance qui établissait une correspondance automatique entre expertise dans une discipline et compétence à enseigner cette discipline. Nous pouvons être des experts dans l’un ou l’autre domaine de la science et ne pas pouvoir transmettre les savoirs propres à la discipline à laquelle nous appartenons. Si des efforts sont entrepris depuis un certain temps dans le but d’encourager l’amélioration du niveau académique de nos professeurs, la révolution pédagogique à laquelle nous assistons nous demande d’actualiser en permanence la capacité d’enseigner.

On peut effectivement parler de révolution pédagogique, alors que l’apprenant lui-même est devenu un acteur, et non un simple destinataire, dans le processus d’enseignement-apprentissage, dans le processus de construction des compétences et habiletés, et que le poids de la transmission magistrale des connaissances est désormais contrebalancé par la participation active des étudiants. Par ailleurs, le développement des nouvelles technologies de l’information, l’importance grandissante du virtuel dans l’enseignement, la grande accessibilité à des ressources de toutes sortes, tout cela interpelle le métier traditionnel d’enseignant et l’invite à se mettre à jour en permanence. L’offre de cette nouvelle formation en enseignement universitaire s’inscrit également dans ce contexte.

Je n’entends pas ici répéter les fondements épistémologiques, les grandes lignes de la démarche ainsi que les contenus de ce Programme. Les exposés éclairants des deux concepteurs de ce Master, le Professeur Odonel Pierre-Louis et la Professeure Ana Lúcia Gazzola nous ont tous édifiés. J’aimerais insister sur le caractère tout à fait moderne de l’approche qui incitera les étudiants, j’en suis sûr, à s’impliquer dans ce processus de co-construction des compétences, à consulter les ressources indiquées par les enseignants du Programme et à consigner par écrit leur propre compréhension du contenu de ces ressources. Il s’agira de lire, de lire, de lire et de synthétiser par écrit ce qui mérite d’être retenu. L’accueil positif réservé à cette offre de formation mesuré par le nombre exceptionnel de candidats (plus d’une centaine) est bien le signe de l’importance accordée par nos professeurs-étudiants à ce Master.

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La première promotion de ce programme est constituée principalement de professeurs, d’assistants-professeurs et d’aspirants professeurs de l’UEH. Ils nous viennent de nos 11 entités de Port-au-Prince, du Campus de Limonade et de l’École de Droit des Cayes. Nous y accueillons également une dizaine de professeurs en provenance des Universités Publiques Régionales, nos partenaires du ReNES, le Réseau National de l’Enseignement Supérieur, que j’ai l’honneur de présider. Je suis heureux d’annoncer que la participation des UPR a ce programme constitue le premier acte posé par le ReNES dans la perspective de la consolidation d’un véritable secteur public de l’Enseignement Supérieur, qui constitue l’un de ses objectifs majeurs.

Les autres participants nous viennent des Écoles Nationales d’Infirmières et de l’Institut National des Sages Femmes dans le cadre du processus d’intégration en cours de ces entités du MSPP a l’UEH.

Mais, d’une manière générale, l’Université d’État offrira, par la suite, à tous les enseignants de l’enseignement supérieur haïtien la possibilité de bénéficier d’un tel Programme

Permettez-moi de saluer la mobilisation exceptionnelle des experts étrangers identifiés par KAIROS à l’occasion de l’élaboration de ce Programme. J’ai pu suivre, de temps à autre, l’implication de ces derniers dans la conception et le développement de ce Master. Le produit final, tout à fait à la pointe de la pratique enseignante actuelle, est le beau résultat de l’énergie collective manifestée à toutes les étapes de la construction du Programme. S’agit-il d’un Master de recherche ou d’un Master professionnel? Doit-on retenir à la fin du Programme un stage à l’étranger? Quelle est la durée des séances? Quel est le nombre de crédits? Dans le cadre d’une séance d’une durée de trois heures comment se fera la répartition du temps de travail entre un professeur et ses étudiants? Et j’en passe… Toutes ces questions ont animé d’innombrables visioconférences. Et toujours avec le même entrain, jusqu’au moment où il fallait recruter, sans aucun mal d’ailleurs, des intervenants volontaires.

Vous comprendrez alors, chers collègues, chers amis, la difficulté que j’éprouve à exprimer correctement nos remerciements, notre gratitude, notre reconnaissance à l’égard de nos précieux amis de Kairos. Telemaco, Ana Lucia et tous ces professeurs et chercheurs que vous avez su mobiliser et qui ont répondu avec une telle spontanéité pour se porter volontaires, prêts à offrir leur science, leur énergie, leur temps pour la cause d’Haïti, pour l’aider à franchir la mauvaise passe du moment. Votre enthousiasme, votre disponibilité, votre générosité nous vont droit au cœur. Tout ceci nous laisse bouche bée et nous avons de la peine à traduire ce que nous ressentons face à ces témoignages éloquents qui impriment un sens concret a la notion de coopération, de coopération solidaire et fraternelle, laquelle n’est pas sans rappeler l’action des Pères de la patrie haïtienne volant au secours de l’Amérique Latine dans sa quête de libération au tout début du XIXe siècle. Un seul mot : MERCI. Du fond du cœur. Merci Telemaco. Merci Kairos. Merci.

Un grand Merci également doublé de nos plus chaudes félicitations à nos collègues haïtiens, co-constructeurs du Programme. Les professeurs Odonel Pierre Louis et Paul Antoine Bien Aimé s’y sont donnés avec le même enthousiasme, la même générosité, la même foi au service de l’Alma Mater. Il y a aussi l’apport substantiel des professeurs Claudel Noel du CHCL et Dieuseul Predelus de l’ENS et de tous les autres que je ne saurais citer ici tant ils sont nombreux les collègues et collaborateurs du Conseil Exécutif, des Décanats, du Rectorat, du Corps Professoral qui y ont apporté leur pierre à un titre ou à un autre. Merci. Merci à tous.

Mais le travail ne fait que commencer.

Aux étudiants, aux professeurs haïtiens et étrangers, à nos collègues et amis de Kairos, bon travail et bonne chance.

12 octobre 2023.

FRITZ DESHOMMES

RECTEUR.

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