L’indécision du gouvernement Henry : Un aveu d’impuissance face à l’impunité
Les figures politiques ayant le sens de l’État, et éveillées, au sens wébérien du terme à l’éthique de responsabilité, appartiennent à une catégorie d’acteurs appelés à faire bouger l’histoire, à changer l’ordre des choses et non pas à se résigner face au statu quo. Max Weber résume ce type d’acteurs politiques en ces termes : “ L’homme d’action est celui qui, en une conjoncture singulière et unique, choisit en fonction de ses valeurs et introduit dans le réseau du déterminisme un fait nouveau”. Cette conscience de pouvoir changer, modifier le cours de l’histoire, le marquer de son empreinte dans le sens du progrès est un trait de caractère que possèdent certains hommes d’État contemporains ou du passé.
Chez le président Barack Obama, cette attitude verticale pour affronter les défis, pour pousser l’Amérique à se réinventer se traduisait dans ce qu’il aimait appeler l’audace de l’espoir, “ the audacity of hope”. Le président Emmanuel Macron, après le quinquennat tiède du président François Hollande dont l’attitude de “ président normal” renvoyait aux Français(es) l’image d’un homme d’État incapable d’incarner La République, avait insisté que son “ audace” avait poussé les Français (es) à le choisir comme le 8e président de la Ve république, faisant de lui le plus jeune président de l’histoire de la France ou encore le plus jeune chef d’Etat depuis Napoléon Bonaparte. “ Vous avez choisi l’audace, et cette audace nous la poursuivrons. Parce que c’est ce que la France, l’Europe et le monde attendent de nous… Nous avons la force, nous avons l’énergie, nous avons la volonté. Nous ne céderons rien à la peur, à la division, au mensonge, nous ne céderons rien à l’ironie, à l’amour du déclin et à la défaite”, avait scandé ce dernier le soir de sa victoire aux élections en mai 2017.
Cette éthique de la responsabilité est aussi présente dans l’histoire politique haïtienne depuis la période fondatrice (1791-1838). Toussaint Louverture possédait cela au plus haut degré. “ La colonie de Saint-Domingue, dont j’étais commandant, jouissait de la plus grande tranquillité ; la culture et le commerce y florissaient. L’île était parvenue à un degré de splendeur ou on ne l’avait encore vue. « À quel moment ce sens de la grandeur et de la responsabilité a -t-il disparu de nos gènes ? Quel dirigeant haïtien peut se targuer qu’Haïti aujourd’hui jouit de la plus grande croissance économique et de la stabilité politique et que tout ceci est son ouvrage ? Non. c’est plutôt le contraire qui est vrai.
En lieu et place de la stabilité et de la croissance, nous récoltons le banditisme, le kidnapping, l’assassinat spectaculaire, l’insécurité, la banalisation de la vie, la décroissance, la pauvreté, la démission, la propagande et aucune autorité ne veut en assumer la responsabilité.
Au fil du temps, nous perdons le sens des choses essentielles qui font de nous une communauté liée par une histoire, une culture, un territoire, voire un destin commun. De manière progressive, nous banalisons tout: la vie, les dates historiques,les fêtes nationales, les institutions républicaines. Nous réduisons la gouvernance du pays à un jouet, vivement convoité par des enfants gâtés,pour ,sans état d’âme, le réduire en miettes un instant après. C’est ce vif et affligeant constat que nous faisons, au fil des assassinats, kidnappings, viols, vols subis, ces derniers temps par des membres de toutes les couches sociales.À tel point que la malice populaire,dans ses élans sarcastiques,fait de l’espérance de vie dans ce pays un simple contrat renouvelable, journellement, avec les gangs armés et les <> à cravate et à savate.
Il n’a pas été possible de faire du 7 juillet 2022 un grand moment de réflexion sur l’assassinat du président Jovenel Moïse survenu dans l’intimité de sa chambre, alors que se pose comme étant des plus impérieuses la nécessité de marquer la rupture avec cet ordre quotidien de choses funestes et macabres, de revoir la constitution, de changer de système politique, pour créer une meilleure société: celle qui doit refléter les nobles idéaux de grandeur, de fierté, de liberté, d’égalité, de fraternité du beau projet politique initial. Il n’a pas été possible de lever, l’immunité dont jouissent les assassins de Jovenel Moïse, comme s’il fallait ne jamais en parler, suivre l’exemple de ceux qui ont financé l’assassinat de son caractère, longtemps avant son assassinat physique, pour établir et maintenir définitivement le règne de l’impunité sur les crimes odieux, crapuleux qui ont causé tous les malheurs du peuple, pourtant appelé, originellement, à un magnifique et grandiose destin.
Désormais assurés de l’immunité dont jouissent les <> à savate et à cravate, des chefs de gangs lourdement armés par les patrons ou commanditaires ont revendiqué, en toute impunité, tout l’espace public nationalet les institutions prestigieuses du pays en particulier notamment la prise en otage du tribunal de première instance de la capitale depuis plus de deux semaines par un groupe armé dénommé « 5 secondes », qui revendique l’acte a travers des médias sociaux au nom du régime en place,et d’après ses propos le premier ministre/président n’est même pas au courant si des bandits légaux fédérés ont souillé cette noble institution, qu’est tout aussi l’expression profonde de la profanation, d’impuissance et/ou insouciance »SA PA GADE NOU », au vu et au su de tous les membres de la population . Alors quand n’est-il des calamités quotidiennes des riverains de la plaine du cul-de-sac, Croix-des-bouquets, de Tabarre, Torcel, Bas Delmas, Bel-Air, Canaan, Savien, Martissant, La Saline, Cité Soleil?
Auteur : Saint Alex NOEL, Nèg Limyè A. ..
Port-au-Prince, le 11/07/2022
