POLITIQUE

Forum International sur la crise Haïtienne à Paris: Expression de la volonté de la jeunesse haïtienne de participer à la résolution de la crise

Des jeunes universitaires haïtiens en France cherchent une solution à la crise actuelle. Ainsi, ils ont procédé au lancement du Forum international sur la crise haïtienne auquel différentes personnalités issues de différents secteurs ont pris part. Cette idée qui a émergé depuis le mois de novembre a abouti à un atelier de réflexion le samedi 10 décembre portant sur des sujets pouvant aider à mieux appréhender la problématique de la crise haïtienne. Dans une ambiance assez calme, ces jeunes avaient la lourde tâche de satisfaire des haïtiens sur place et ceux qui se trouvent en Haïti et d’autres pays connectés aux différentes plates-formes.

D’entrée de jeu, le jeune Politologue Mathias DEVERT qui poursuit ses études de Master à Sciences Po Grenoble a fait savoir que le but de ce forum est de trouver une solution durable à la crise haïtienne. Selon l’ancien étudiant de l’INAGHEI et de la Universidad Rey Juan Carlos de Madrid, si l’on pose les problèmes de manière technique, on va trouver les solutions adéquates à la crise. Car, Haïti n’est pas le seul pays au monde à avoir connu de crises. Cela a été le cas de la Côte d’Ivoire, du Chili, de la Chine et d’autres encore. Ces pays là ont pu s’en sortir avec un plan , un projet de société et des élites qui ont compris qu’il faut placer les intérêts de la nation avant tout; même s’il y a des particularités pour chacun des cas . Selon lui, ce forum a pour objectifs de faire d’abord un plaidoyer pour un meilleur engagement des acteurs internationaux en Haïti, car ces derniers n’ont jamais songé à construire des capacités locales dans le pays; ensuite promouvoir l’implication de la diaspora et de la jeunesse dans la résolution de la crise car elles représentent une réserve de compétence pour Haïti; enfin ,inciter les acteurs politiques à s’entendre sur un accord global priorisant les intérêts de la nation. Plus loin ,le coordonateur du forum souligne qu’aucun plan de sortie de crise ne peut aboutir sans une adhésion locale et aussi un engagement réel et sincère de la communauté internationale . Annoncée depuis plusieurs semaines dans le cadre de ce forum, ce fut l’occasion pour Mme la Députée Éléonore Caroit, Vice-présidente de la Commission des Affaires Étrangères à l’Assemblée Nationale française, d’intervenir à travers un message pré- enregistré. La femme politique française , a fait une brève présentation de la situation humanitaire en Haïti qui est loin d’être rassurante en raison des cas d’insécurité, d’enlèvements, de viols, de vols et de famine. Elle a appelé à une réforme de l’aide internationale en Haïti en vue de recréer les conditions pour qu’Haïti puisse prendre son destin en main. Pour elle, il n’y a pas de solution facile, mais on peut proposer des pistes. En ce sens, la communauté internationale doit : - Accompagner le pays vers une stabilisation politique et économique; - Améliorer l’aide pour répondre à la nécessité de développer des infrastructures durables en Haïti sur le long terme; - Renforcer les capacités de la Police nationale et mettre les policiers à l’abri des tentatives de corruption.

Pour la représentante des Français de l’Amérique latine et de la caraïbe, l’aide se limite trop souvent à l’urgence en Haïti ; Ce qui n’aide pas à la résolution durable des crises et des problèmes structurels auxquels le pays est confronté. Au-delà de l’aide internationale elle a fait comprendre qu’il faut surtout s’appuyer sur les haïtiens eux mêmes. Pour elle, on ne doit pas oublier la diaspora Haïtienne de partout: France, Canada, États-Unis, République Dominicaine ect. Toutefois, il faut réfléchir de manière plus globale, pour permettre à la diaspora d'agir de manière structurelle à la résolution de la crise et sortir du simple rôle de soutien personnel à des familles. Pour sa part, le Dr. Arnousse Beaulière qui détient un doctorat en économie, a fait savoir que la crise haïtienne est globale ou encore multidimensionnelle. D’où sa nature protéiforme. Sur le plan économique, l’auteur de l’ouvrage « Haïti: changer d’ère » a évoqué le fait que la croissance économique haïtienne est négative depuis plusieurs années: «  La situation est très critique en Haïti on ne crée pas de richesses, on en détruit ». Pour l’essayiste, tout en promouvant l’économie de marché , les acteurs politiques doivent encourager la production nationale à travers les structures de l’économie sociale et solidaire .

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« L’approche qu’il faut prôner en Haïti c’est l’approche en terme de développement socialement soutenable ». L’enseignant -chercheur s’est inspiré des travaux d’Amartya Sen, prix d’économie de la Banque Suédoise, pour soutenir cette proposition. Sur le plan politique, il a surtout mis l’accent sur l’échec de la transition démocratique en Haïti car, le pays n’a connu qu’une petite parenthèse démocratique qui a duré quelques mois dans le contexte post Duvalier(Février 1991- Septembre 1991). Pour lui, nous avons des politiques qui n’ont jamais eu comme objectif de répondre à la question fondamentale : comment mettre le peule haïtien au cœur du processus démocratique? Sur le plan Géopolitique, il a critiqué le fait que la CI a un comportement antidémocratique en Haïti:

Les acteurs internationaux ne font pas chez eux ce qu’ils prônent chez nous. Il leur reproche surtout le fait d’avoir placé Michel Martelly et le régime PHTK au pouvoir dans les conditions que nous savons tous. Il a surtout évoqué le problème de gouvernabilité en Haïti tout en mettant en évidence la responsabilité des acteurs internationaux car ces derniers privilégient leurs intérêts stratégiques au détriment de ceux du peuple haïtien. En ce sens ,il a critiqué les politiques d’ajustements structurels imposés à Haïti dans le cadre du consensus de Washington à travers lequel on a demandé à Haïti de privilégier l’économie d’exportation qui a provoqué un déficit de 3milliards US dans la balance commerciale du pays. Une responsabilité partagée bien sûr avec les décideurs politiques haïtiens. Pour lui, la solution pour résorber la crise doit être d’abord haïtienne. De son côté, le professeur Josué Louis de l’Université d’État d’Haïti, consulté dans le cadre de cet atelier a fait savoir qu’Haïti fait face à divers problèmes: - Crise des valeurs: génération gangrenée par la corruption; - Absence d’équilibre entre pouvoir et société: un État tyrannique sans aucune notion de valeur démocratique(non appropriation de l’Etat par la nation); - Surpolitisation: absence d’acteurs pouvant poser le problème de développement en terme programmatique(trop de clivages en terme d’idéologie ) - Collusion entre la bourgeoisie et l’État au détriment de la société. Pour le Vice Doyen de l’INAGHEI, il n’y a pas de salut: la solution passe à travers un sursaut qualitatif ou encore un chambardement de l’ordre instauré par les acteurs externes et internes cooptés qui ont toujours tenu à placer leurs pions à la tête du gouvernement. Pour sa part, Mikerlange Registe a précisé qu’Haïti est un pays qui vit pratiquement de crise marqué par de nombreux coups d’États, d’assassinats de présidents et de gouvernements provisoires. L’ex membre du conseil de l’Université d’Etat d’Haïti soutient que la situation actuelle que connait le pays est le résultat des trente dernières années de mauvaise gouvernance improductive. La corruption, le clientélisme, l’absence de vision de nos dirigeants ont conduit Haïti vers l’effondrement. Le porte-parole de l’Accord pour la Paix Sociale et la Stabilité Politique a soutenu l’idée d’une commission de médiation pour résoudre la crise et des réformes en profondeur avec l’appui de l’international et l’implication de la jeunesse pour aborder les problèmes dans leur dimension structurelle .

Enfin, Patrick Pierre-Louis Coordinateur du MAC-CNSH a tenu à rappeler le rôle que devrait jouer la diaspora dans la reconstruction du pays. Cela doit passer par la création d’une commission indépendante devant trouver une solution à la crise en incluant des représentants de la diaspora. Ensuite, la diaspora haïtienne doit s’organiser à travers un front commun pour exiger plus de reconnaissance dans les affaires publiques et une participation également dans la vie politique du pays. L’auteur de l’ouvrage « En route vers la conférence nationale souveraine en Haïti » a rappelé qu’il apporte sa contribution en fédérant des gens de la diaspora autour de la nécessité de s’engager dans la reconstruction du pays. Cet atelier a été animé par l’étudiant en sciences politiques Emmanuel Raymond et le jeune doctorant Jacky Duvil qui a représenté la caraïbe au concours international « Ma thèse en 180 secondes »,au canada cette année.

Les organisateurs annoncent la tenue de prochaines consultations dans les jours à venir.
Fin ! comité de synthèse

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Un commentaire

  1. Quand est-ce que ces universitaires seront en mesure de partir des réflexions produites en Haïti même afin de faire avancer leurs propres réflexions sur la crise? Je ne pense pas qu’ils utiliseront la démarche du conquérant qui efface tout ce qui existe dans le terriroire conquis afin de les remplacer par les idées qui arrivent de l’extérieur. C’est la démarche traditionnelle en Haïti.

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