« NON à la dictature, vive la constitution et la démocratie », le nouveau crédo des manifestants

Comme annoncé par le secteur protestant, à travers sa commission protestante contre la dictature, et des institutions vitales de la société civile haïtienne, plusieurs milliers de citoyens et de citoyennes ont de nouveau investi le macadam, dimanche 28 mars 2021, pour continuer d’afficher leur désaccord face au pouvoir de facto représenté par l’inculpé Jovenel Moïse qui, par la force des armes et s’appuyant fortement sur le soutien de la communauté internationale, a décidé de s’accrocher au pouvoir en dépit de l’expiration constitutionnelle de son mandat depuis le 7 février 2021.
« Non à la dictature, non à l’insécurité d’état et vive la constitution de 1987 », c’est donc le cri lancé sans cesse par les citoyens qui ont choisi d’investir la rue ce dimanche 28 mars dans le cadre de la première des deux journées de mobilisation pacifique initiées par le secteur protestant qui s’est en quelque sorte renforcé avec le soutien de bien d’autres secteurs d’importance capitale pour le pays.
Armés de pancartes et autres objets de revendications, les protestataires ont traversé plusieurs rues de la capitale haïtienne pour faire passer leurs nombreuses revendications.
Une fusion payante qui a donc abouti à cette énième marée humaine déferlant à travers la capitale et des villes de province pour indexer directement et au premier loge la communauté internationale dans l’aggravement de la crise multidimensionnelle qui sévit en Haïti.
Lançant un appel solennel à tous les citoyens conséquents pour rejoindre le mouvement de la rue, le pasteur Gérard Forges s’affiche contre la destruction des valeurs spirituelles et morales encouragée par un pouvoir corrompu qui n’en fait qu’à sa tête.
« Un combat reste un combat. Nous avons tenu parole et nous sommes de nouveau présents aux côtés de la population pour manifester notre désaccord face à l’intolérable. Notre présence ici rime avec une réponse claire au climat d’insécurité généralisée qui secoue le pays. Une situation visiblement encouragée par l’international », lâche le pasteur, l’un des initiateurs de la marche.
Même son de cloche du côté du pasteur Gérald Bataille, armé de sa constitution, qui dénonce l’ingérence désagréable de la communauté internationale. « N’était-ce l’ingérence de l’international, Jovenel Moïse aurait déjà tiré sa révérence. Nous demandons à ces pays de ne pas s’immiscer dans les affaires internes de notre pays.
De cette première journée de marche pacifique, il faut retenir la présence de plusieurs personnalités politiques et leaders influents de l’opposition politique. La présence du Dr Maryse Narcisse de l’Organisation Politique Fanmi Lavalas témoigne son refus de la dictature en Haïti avec un président inculpé qui n’est pas à la hauteur de la tâche qu’il prétend gérer. Le Dr Narcisse, exigeant le retour du pays à l’état de droit, a plaidé en faveur d’une transition de rupture qui doit conduire le pays vers un pouvoir de salut public pour résoudre la crise alimentée par la communauté internationale.
« Nous irons tout droit vers la transition de rupture qui finira par la mise en place d’un gouvernement de transition pour sauver le pays », rage un manifestant brandissant une pancarte réclamant le salut public comme solution à la crise haïtienne.
« Le pays est en grand danger. Tous les citoyens ont pour devoir d’investir la rue pour dire NON à cette dictature sauvage que veut instaurer le régime PHTK », laisse entendre un responsable de MTV (Mouvement Troisième Voie), dénonçant le référendum anticonstitutionnel, soulignant qu’il revient à la population de décider autour du changement de la constitution et non au pouvoir de facto d’entreprendre une démarche d’aussi grande envergure pour le pays.
Les manifestants très hostiles à l’organisation du référendum annoncé par le pouvoir de facto pour le 27 juin à venir, s’en sont pris violemment aux pancartes annonçant la tenue dudit référendum pour changer la constitution en vigueur.
« Jovenel Moïse parle de référendum alors qu’il se trouve encore au palais. C’est un acte anticonstitutionnel de tenter de modifier la constitution par voie référendaire », lance Me Caleb Jean-Baptiste, exigeant la libération des prisonniers politiques et témoignant sa solidarité avec Abelson Gros-Nègre arrêté illégalement et Yannick Joseph dont la vie est menacée par le pouvoir de facto. Nous disons non à la dictature féroce du régime PHTK.
Une marche pacifique pour réclamer le respect de l’état de droit et la démocratie en Haïti. Une marche pour dire Non à l’insécurité et aux actes de kidnapping qui n’ont pas cessé d’endeuiller les familles haïtiennes. Une marche pour continuer de rejeter les manœuvres dictatoriales du pouvoir de facto Moïse-Jouthe.
Le pasteur Antoine René Samson qui a délivré le message de la communauté protestante sur la place de la constitution au champ de mars, en a profité pour exiger le départ sans condition de Jovenel Moïse du pouvoir.