POLITIQUE

Haïti-Société : La Presse, nouvelle cible de la Police anti-émeute ?

Dans le cadre de la marche des étudiants, mercredi 10 février 2020, des journalistes ont été une nouvelle fois pris pour cible par des agents du maintien d’ordre au niveau de Lalue. Faisant un usage abusif du gaz lacrymogène, les policiers ont également tiré à balles réelles pour intimider les protestataires y compris les journalistes, a constaté La Question news.

Des policiers en uniforme ont tiré à bout portant sur des journalistes exerçant sereinement leur métier.

À l’angle des avenues Martin Luther King et John Brown, les journalistes regroupés pour attendre l’arrivée de la foule se sont vu asperger de gaz toxiques tirés à hauteur d’homme par des policiers mal intentionné, en dépit de la visibilité de leurs matériels de travail dument exhibés.

Bilan : un journaliste de l’Associated Press, Chéry Dieunalio, blessé à la cheville. De cette gaffe policière, une journaliste de Radio Télé Zénith a reçu une cannette de gaz lacrymogène au niveau de l’estomac.

Le véhicule (Pick-Up) de la Radio Télé Pacific bondé de journalistes à l’arrière a été aussi pris pour cible par des policiers encagoulés utilisant leurs mains pour lancer deux cannettes de gaz lacrymogène au milieu de près d’une dizaine de journalistes qui ne faisaient que leur travail. Cet acte barbare a été suivi de tirs nourris occasionnant la panique sur toute la ligne.

Saisissant l’occasion pour entamer de manière spontanée un mouvement de protestation, les journalistes en colère ont indexé le commissaire Paul Ménard, responsable de la direction départementale de la police nationale dans l’ouest.

« C’est un ordre illégal et arbitraire dicté par Paul Ménard à ses soldats qui ne font qu’obéir», croient certains journalistes qui ont dirigé le mouvement vers la DDO au champ de mars.

« Les patrons de média ne se soucient guère du travail des journalistes sinon de ce que rapporte la publicité à leurs poches », renchérit Kénan Danger du Journal-9, critiquant au passage la réaction des journalistes qui ont choisi de porter plaintes à la DDO-PNH.

« C’est aberrant de vouloir porter plaintes à celui de qui est venu l’ordre de vous maltraiter sans raisons valables », rage le journaliste de média en ligne.

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Les revendications des journalistes seront adressées au niveau du haut commandement de la police nationale selon les propos de Paul Ménard, rapportés par Robest Dimanche, journaliste à radio Télé Zénith et responsable de la structure SEMEL, initiatrice de la marche des journalistes contre la brutalité policière en janvier dernier.

« Ce n’est pas normal qu’a chaque manif’ les journalistes soient ciblés par les exactions de  soi-disant policiers qui se convertis en de dignes serviteurs de Jovenel Moïse. Il est temps que cela cesse », a-t-il fait remarquer.

Pour rappel, pas moins de deux journalistes ont été victimes par balles réelles aux abords du palais national (ce qu’il en reste pour ainsi dire) au cours d’un mouvement de protestation de militants proches de l’opposition. Pris entre plus de deux feux, Alvales Destiné travaillant pour ALTV a été touché à la main droite, et Meus Jeanril de Télé Pam Média a reçu un projectile au ventre et son état est encore à l’heure qu’il est. Ces projectiles réels seraient venus de la base militaire depuis la tour 2004, rapportent des témoins oculaires.

Jusqu’où ira donc cet embryon d’animosité qui prend à petit feu la forme d’une guerre déclarée par des policiers (censés placer pour maintenir l’ordre) aux journalistes et à la Presse en général.

Depuis quelques temps les journalistes ne cessent de dénoncer ce qu’ils qualifient d’attaques ciblées de la police lors des couvertures de mouvements de protestations anti-gouvernementales.

Des agents de l’UDMO ou du CIMO lancent des gaz à profusion en pleine séance d’interview avec des militants ou autres organisateurs de manifs ou sit-in visant à dénoncer les agissements arbitraires du pouvoir en place.

Face à ce qui se dessine, n’est-on pas en droit de se questionner autour d’une quelconque velléité du pouvoir de facto de bâillonner la presse et fouler les acquis démocratiques qui ont donné naissance à la parole libre dans ce pays ?

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