POLITIQUE

Haïti-Protestations : Toute une nation debout contre la dictature

À l’appel lancé par le secteur protestant à travers la commission protestante contre la dictature, c’est le pays qui a répondu présent sur le macadam le dimanche 28 février 2021 pour dire NON à la dictature qui s’installe dans le pays avec l’équipe de facto Moïse-Jouthe. Cette initiative a bénéficié du soutien de la fédération protestante, la fédération des barreaux d’Haïti, des institutions de défense des droits humains, des organisations syndicales, entre autres, a constaté La Question News.

A l’instar de la marche du 26 juillet 2020 pour dénoncer le décret présidentiel modifiant le code pénal haïtien qui avait provoqué cette montée au créneau brisant le silence trop longtemps reproché au secteur religieux autour de la crise pluridimensionnelle que connait Haïti, le secteur protestant a récidivé dimanche avec cette fois un appui doublement renforcé de la société civile organisée et d’autres secteurs vitaux du pays.

Un vrai élan de fraternité et de solidarité s’est donc fait sentir à travers cette marée humaine qui déferlait sur la capitale haïtienne, dimanche. Pari gagné pour le secteur protestant qui a lancé les hostilités.

Pour le pasteur Gerald Forges, c’est un évènement sans pareil. « L’église a encore une fois parlé. Le pouvoir en place doit nécessairement comprendre que le pays a déjà rejeté les manœuvres dictatoriales. L’église supporte donc le peuple haïtien dans la lutte contre la dictature ».

Cette image de cohésion fraternelle projetée par la marche contre la dictature, nous renvoie directement aux dernières sorties de l’opposition politique en octobre 2019 où des millions d’haïtiens affichaient déjà leur désaccord au gouvernement totalitaire de Jovenel Moïse.

La présence de plusieurs mobiles sonores et de bandes à pieds créant l’animation ont provoqué l’aspect festif, mondain diraient certains, d’un évènement hautement pacifique drainant autant de gens autour d’une seule et même cause.

Partis du champ de mars, l’un des deux points de rassemblement, les manifestants ont parcouru plusieurs artères de la capitale bien avant de se joindre à d’autres groupes massés au niveau de Lalue et carrefour de la résistance.

« Non à la dictature, Non à l’impérialisme américain, oui à la démocratie. Nous n’obéirons jamais aux actions antidémocratiques. Jovenel Moïse doit quitter le pouvoir », pouvait-on lire sur les pancartes entachées de pas mal de slogans hostiles aux représentants du Core group, de l’ONU, de l’OEA, de l’ambassade américaine en Haïti et particulièrement aux membres du pouvoir de facto.

Aux côtés des organisateurs, des représentants d’une pléiade d’organisations se sont fait remarqués.

Saluant cet élan de fraternité régnant entre les opprimés, le porte-parole de l’Organisation politique Fanmi Lavalas laisse croire que « la bataille des masses prendrait fin si tous les secteurs vitaux du pays avaient compris la nécessité de se rebeller contre le coup d’état électoral du régime PHTK ». Le professeur Jodson Dirogène présent au même titre que Joël Édouard Vorbe dit Pasha ne jure que par le départ et l’arrestation du chef de facto et inculpé.

« Face à l’oppression d’un pouvoir qui prône la dictature, la résistance populaire s’impose », lancent des militants sur tout le parcours », ont lancé des membres du regroupement des organisations populaires (ROP) présents à la marche.

De cette marche plutôt historique dans le vrai sens du terme, l’on doit retenir l’image de la fusion des deux branches au niveau du carrefour de l’aéroport (rebaptisé carrefour de la résistance) pour converger vers haut-Delmas (40B).

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À signaler que le comportement de la police a été des plus exemplaires sur le parcours de la marche. Un incident important a donc été signalé au niveau du morne Lazard où des civils lourdement armés assimilés à des proches du pouvoir de facto tentaient de s’opposer au passage de la caravane, provoquant ainsi le retrait d’une partie de la foule vers bas-bourdon alors que l’autre partie continuait de suivre le parcours préalablement défini par les organisateurs.

A ce stade, la police qui, dans un premier temps, refusait d’escorter la marche jusqu’à Pétion-ville avait finalement pris le contrôle du morne Lazard et faciliter le libre accès aux manifestants qui continuaient tranquillement le parcours.

« Nous sommes ici pour dire que c’en est trop. Car ce pays est notre avenir. C’est l’avenir de la génération à venir. Le temps de la dictature c’est révolu. Jovenel Moïse n’a plus sa place au palais », a martelé Antoinette Duclair de Matrice Libération, ajoutant que l’OEA se fait complice d’un pouvoir dictatorial en Haïti.

Pour Me Gédéon Jean du CARDH, la représentante spéciale de l’OEA, à la même tire que Jovenel Moïse, est en rébellion avec la charte des nations unies qui exige stricte respect des droits humains et la protection des états contre la dictature.

« C’est absurde que l’OEA supporte un pouvoir concentré entre les mains d’un simple individu inculpé pour blanchiment des avoirs par la justice de son pays », a rappelé Me Jean donnant lecture au message final dans les parages du BINUH (Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti) à Juvénat.

Cette marche pacifique que la république a visiblement prise à cœur se veut un référendum populaire qui rejette l’idée d’implanter un pouvoir dictatorial en Haïti.

« Le peuple de Dieu est dans les rues pour dire NON aux manœuvres antidémocratiques, aux décrets illégaux adoptés par le pouvoir de facto », lance un leader religieux au terminus de l’évènement qui s’est achevée sur la place du Canapé vert.

Notons que d’autres villes de province ont également emboité le pas dimanche en organisant plusieurs marches pacifiques pour dire Non à la dictature du régime PHTK, indexé dans l’orchestration du climat d’insécurité qui sévit dans le pays.

Cependant, un incident malheureux s’est produit quand l’un des ‘’truck Sound’’ qui accompagnaient la foule s’est renversé au niveau du canapé vert non loin de la place. Au moins trois blessés graves ont été recensés dont un journaliste et un leader politique. La présence de l’huile sur la chaussée en était la cause.

Des leaders religieux, membres de la fédération protestante d’Haïti, des pasteurs de la commission protestante contre la dictature, des membres du CONASPEH, de la fédération des barreaux d’Haïti, des organisations de la société civile, des représentants de partis politiques, des représentant d’organismes de défense des droits humains, des organisations syndicales ont pris part à la marche initiée par le secteur protestant et supportée grandement par l’opposition politique.

 

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