EDUCATION

Éducation en Haïti, entre escroquerie et fragilité économique

L’éducation de qualité en Haïti se trouve au carrefour de l’escroquerie et de la fragilité économique. La basse classe, livrée à elle-même se contente d’une éducation au rabais.

L’éducation de qualité est l’un des facteurs clés associés au développement durable. Aucun pays se souciant de son développement et de l’épanouissement de ses concitoyens ne saurait négliger un tel facteur. On dit souvent qu’une éducation de mauvaise qualité génère plus de mal que n’importe quelle catastrophe associée aux risques naturels.

 L’éducation de qualité repose sur une égalité de chance. Cette égalité transparaît normalement dans l’accès aux ressources disponibles. Ces ressources sont humaines, culturelles et infrastructurelles.

Quand dans un pays, l’État ne manifeste presqu’aucun intérêt pour la formation et le recrutement transparent d’enseignants, les apprenants auront beaucoup difficultés pour développer leurs habiletés et acquérir des compétences valables. En Haïti où près de 85% des écoles sont des écoles privées, l’État ne joue aucun rôle dans le recrutement et l’évaluation des enseignants. Mis à part, les efforts du Ministre Manigat pour doter chaque enseignant d’un permis d’enseigner, tous ceux qui ont accédé à la tête du MENFP n’ont manifesté aucune volonté pour valoriser la fonction enseignante. N’importe qui peut enseigner, fonder ou diriger une école privée. Même des écoles d’État sont prises en otage par des groupes de politiques. Ceux-ci, pour assurer une entrée économique permanente à leurs partisans prennent le malin plaisir de fonder des écoles dites communautaires. Par la suite, profitant de leurs influences auprès du Ministère, ils sollicitent la nationalisation de ces écoles avec l’ensemble de leurs employés. En général, ces gens, en dépit du fait qu’ils n’ont aucune compétence ni qualification pour enseigner ou administrer un établissement scolaire, reçoivent leur nomination dans un bref délai.

Durant ces dix dernières années, l’enseignement scolaire public se trouve de plus en plus décrié. Beaucoup de parents, même ceux de la basse classe, manifestent une certaine réticence à envoyer leurs enfants dans des écoles d’État. Ils pointe du doigt les interminables grèves du personnel éducatif et les nominations politiques. Il faut noter qu’en Haïti, hormis le mouvement peyi lòk et la fermeture des classes en raison du covid-19, les écoles privées ne sont jamais touchées par des mouvements de grève.  La situation est telle en dépit du fait que ces enseignants perçoivent globalement un salaire  moins élevésm que les enseignants des écoles d’État. Qu’est-ce qui expliquerait ce paradoxe ?

Dans les écoles privées d’Haïti, à quelques exceptions près, le recrutement est une affaire de clan. On recrute, le plus souvent des amis,  C’est à la personne de référence de négocier le salaire de l’enseignant qu’il a référé. Le niveau de salaire de ce nouveau enseignant dépend largement du statut ou de l’importance accordée à la personne de référence. Cette dernière, pour sa part, explique à l’enseignant qu’il vient de réferer tout ce qui a trait au fonctionnement de l’école. Parmi les informations transmises, certaines ont rapport au salaire, au bannissement des activités syndicales et le tempérament des principaux dirigeants.   On comprend alors que, dans les écoles privées d’Haïti, les mouvements de protestation sont réprimées à la base. Les quelques rares enseignants qui tenteraient de protester pour réclamer une amélioration dans leurs conditions de travail, courent le risque d’être révoqué sans préavis. Voilà pourquoi les enseignants du secteur privé de l’éducation en Haïti qui n’ont droit, pour le plus grand nombre, à aucun avantage social comme assurance, congé de maladie, salaire de retraite acceptent de fermer leur gueule lors du déroulement des mouvements de grève des enseignants du secteur public.

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Dans le pays, les écoles fondées par de simples citoyens en quête de profit, sont logés dans des maisons résidentielles dont les structures et l’aménagement ne permettent pas de dispenser un enseignement de qualité. Ces salles de classe, en partie sombre, sont mal aérées et équipées d’immobiliers inadéquats. Par exemple, des chaises ou des bancs sans dossiers incompatibles à la taille et au poids des apprenants. Dans de telles institutions scolaires, les apprenants ne disposent d’aucun moyen pour expérimenter le savoir enseigné (bibliothèque, laboratoires, terrain de jeu, cour de récréation…). Pourquoi ces apprenants ou leurs parents ne dénoncent que rarement ces faits?

Dans une école non-publique, les enfants peuvent être renvoyés non seulement pour leurs comportements inappropriés, mais aussi pour ceux de leurs parents. Un parent qui s’arrogerait le droit de dénoncer, en public, l’augmentation des frais de scolarité, l’amélioration des conditions de travail dans une école coure le risque de voir son enfant expulsé de l’école bien avant la fin de l’année scolaire. Donc, avant de dénoncer, il faut être sûr qu’on ait déjà une autre institution qui aurait désiré de recevoir l’apprenant au cas où les choses tourneraient mal.

Fort de ces constats, on retient que l’éducation de qualité en Haïti se trouve au carrefour de l’escroquerie et de la fragilité économique.

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